Histoiredu lieu

  • La Tuilerie de Bezanleu, en activité jusqu’au début des années 2000, produisait des tuiles et briques selon un mode de production artisanal et était reconnue pour la qualité de ses tuiles plates, dites « bourguignonnes ».

    Le 12 mai 1852, un arrêté pose l’interdiction de construire des toits de chaume (afin d’éviter le risque d’incendie). Pendant un siècle, avec la reprise de l’exploitation par la famille Moufrond (propriétaire du lieu jusqu’en 2017), la tuilerie connait sa plus grande phase d’extension, en lien avec l’expansion économique dont elle profite.

  • Inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1989, pour l’ensemble architectural de ses bâtiments comme pour son mode de production traditionnel, la Tuilerie est reconnue régionalement comme un lieu incontournable du patrimoine industriel. La reconnaissance de la finesse de cet artisanat se traduit notamment par la commande de tommettes par le Président Mitterand, pour son lieu de résidence, dans les années 1980.

    Un élan de solidarité permet la restauration de la cheminée en 1995, et le site diversifie ses activités avec l’organisation de visites guidées et d’évènements (marchés de potiers, théâtre…), tout en poursuivant une production à petite échelle. Cependant, les difficultés économiques conduisent à l’arrêt de la production, puis à la fermeture définitive du site au début des années 2000.

Cinq générations de tuiliers

Jean-Mathurin Polycarpe Moufrond
1822 – 1891

« Une méchante petite tuilerie perdue au fond des bois à cent lieues de Nemours… »

Jean-Mathurin s’installe à Bezanleu vers 1850, et prend la tête de l’exploitation de la Tuilerie, d’abord en tant que locataire. Avec sa femme Julie Agathe Devignot, ils se portent acquéreur du site en 1859.

Eugène Polycarpe Moufrond
1849 – ?

Lettre au Ministre : « (…) je sollicite une récompense si justement méritée pour un (…) ouvrier Jules Guillaume (…) en reconnaissance de son travail zélé à la tuilerie où il a commencé à travailler au service du prédécesseur de mon père (…) à l’âge de 9 ans en 1837. »

Eugène reprend officiellement l’activité en 1875 à la suite de son père, et ce jusqu’en 1903, date à laquelle il cède « l’usine à bail » à ses 2 fils, Gustave et Louis.
Il installe les premières machines à vapeur (locomobile puis fixe), ainsi que l’étireuse et le broyeur.

Gustave Polycarpe Moufrond
1872 – 1953

Personnage emblématique de la Tuilerie de Bezanleu, Gustave dirige l’activité pendant 50 ans (de 1903 à sa mort). Il pérennise l’œuvre entamée par son père et son grand père, en modernisant l’usine : construction du couloir de séchage, installation d’un four à flammes renversées, grande cheminée, systèmes de rail…
En sa qualité de Maire, il achemine par ailleurs l’électricité dans le village de Treuzy-Levelay.

René Polycarpe Moufrond
1901 – 1991

« Pourquoi partez vous en  vacances ?
On est si bien à Bezanleu ! »

René reprend l’usine familiale à la mort de son père en 1953.
Sa nièce, Nicole, le seconde dans la gestion de l’entreprise.
Il doit faire face à l’innovation des modes de production concurrents, plus modernes, qui mettent la tuilerie en difficulté. Il tente deux mises en gérance à la fin des années 1970, sans succès. La Tuilerie de Bezanleu cesse son activité en 1980.


Dominique Nanty
1954

« Tant qu’elle était vivante, qu’elle était dans la famille, qu’elle marchait, je la regardais d’un œil. Et puis c’est quand elle s’est arrêtée de fonctionner (…) c’est à ce moment-là que cela m’a fait un choc et que j’ai décidé de la faire revivre… »

Prenant conscience de la disparition programmée de la tuilerie si rien n’est fait, Dominique Nanty, petite-nièce de René, décide en 1984, de raviver la flamme de Bezanleu. Elle s’attèle à relancer la production en respectant les modes de production traditionnels, sous l’œil bienveillant de son grand-oncle. Arnaldo, ouvrier à la Tuilerie depuis plus de 20 ans, assure aussi la transmission du savoir-faire. Serge Cail, compagnon de Dominique, dirige la fabrication.

Leur détermination porte ses fruits : la tuilerie produit encore pendant près de 20 ans, jusqu’au début des années 2000. Le site et l’ensemble de l’appareil de production sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1989. La Tuilerie diversifie ses activités avec l’organisation de visites guidées et d’évènements (marchés de potiers, théâtre…).

La tuilerie en 1937

Extrait de films anciens retrouvés sur une VHS dans la mairie de La Genevraye, regroupés tous ensemble par Yvon Genty en 1979. Film complet ici : Vallée du Loing, années 40/70.

La tuilerie dans les années 90

Extrait de « Aimer vivre en France – Les Maisons 1 », émission de TF1 réalisée par Fabrice Decat et Marie-Jo Planson Génieux et présentée par Jean-Pierre Pernaut. Année de diffusion : 1999.

Une restaurationau long cours

Nous, Solange et Désiré, découvrons le site pour la première fois fin 2015 dans un état de délabrement avancé mais c’est une évidence, un coup de foudre. La Tuilerie doit être restaurée et revivre. Ce patrimoine exceptionnel ne doit pas disparaître.

Nous restaurons plusieurs halles pour permettre une ouverture partielle du site au public. Nous accueillons des visiteurs pour partager ce patrimoine architectural, évoquer le processus de fabrication traditionnel, et mettre en valeur les diverses machines encore présentes sur le site.
Nous ouvrons aussi le lieu à des évènements sociaux et culturels, en lien avec les collectivités locales et le tissu associatif du Sud de la Seine-et-Marne.

La Tuilerie de Bezanleu est sélectionnée pour le Loto du Patrimoine 2021 dans le cadre de la mission Bern. Plusieurs halles ont été sauvées : la Chamotte a été mise hors d’eau. Le chantier de restauration de la Grande Halle a démarré fin 2022.
Ce n’est qu’un début !